Passez les portes du Sanctuaire et donnez vies à vos projets les plus fous en devenant les héros du monde de demain. Bravez le Fléau des Ombres, repoussez les ténèbres jusque dans les limbes et mettez la lumière sur les antiques secrets du continent et de son histoire tragique. Du haut de la fabuleuse cité volante de Raziel ou au cœur du champ de bataille, œuvrez pour redonner vie à ce monde tourmenté et sur le point de s'éteindre.

Nobles diplomates, féroces guerriers et aventuriers acharnés, il est temps pour vous d'entrer dans la légende. Gare à vous toutefois, car la déroute se cache derrière chaque opportunité.

Sanctorum ouvre enfin ses portes. Découvrez la bêta ouverte et rejoignez l'aventure !



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Les mains sales [PV Léonora]

Lun 29 Mai 2023 - 23:21
Les Mains Sales
Si vous ne savez comment servir les hommes,
comment sauriez-vous servir les dieux ?



- Pousse-toi ! Pousse-toi !
- Nan, moi d'abord !
- J'les ai vues en premier !
- Dégagez, vermine !

Aux abords de la muraille qui protégeait la cité d'Aurore, juste devant la Grande Porte Ouest, s'accumulaient les chariots de marchandises qu'un convoi apportait lentement, au rythme des pas des boeufs qu'un homme bourru fouettait d'une longue herbe semblable à un roseau. Moustachu, il ne s'intéressait ni au chemin qui conduisait dans l'une des rues principales du coeur de la Cité, ni à ses bêtes qui, nerveuses, se bousculaient un peu, leurs sabots tapant bientôt le pavé inconfortable pour les lourdes créatures qu'elles étaient. A la place, l'homme bourru gardait l'oeil sur l'entremêlement de jeunes humains qui se pressaient à ses côtés. Ils tendaient leurs mains, aboyaient pour une pièce ou une pomme, et il prenait garde à ce qu'aucun ne profitât d'une brève seconde de distraction pour lui subtiliser une ou deux citrouilles qui trônaient sur les chariots. Heureusement, les grandes roues en mouvement et les coups de roseau dissuadaient les gamins de prendre trop de risques, tout comme les gardes postés de part et d'autre de la grande porte, qui bien des fois les avaient dispersés sans ménagement.  

Assise sur une demi-colonne en ruine, qui jadis avait dû aider à soutenir le mécanisme d'un pont-levis, la silhouette malingre de Léni surplombait la scène. Le soleil illuminait ses cheveux blonds qu'un peu de saleté collaient en mèches épaisses. Ses jambes pendaient dans le vide tandis qu'avec une moue dédaigneuse, il observait les citrouilles aux teintes lumineuses dans leurs chariots. Il se passa la langue sur les lèvres, mais il résista au désir d'aller se mêler aux gosses pour tenter d'obtenir quelque chose, lui aussi. D'abord, parce qu'il avait commencé à être plus grand que ces gamins-là, et qu'il serait immédiatement identifié comme une menace, il le savait bien. Et puis, parce qu'il avait déjà volé une citrouille, et qu'une citrouille crue, c'était carrément compliqué à manger.

- Dis donc, toi là !

Le garçon se tordit le cou pour mieux capter le regard du soldat en armure qui venait de l'interpeler. Sous son casque de métal se dessinait un visage à peine plus âgé que le sien, et un regard vaguement incertain. Pourtant, le soldat pointa sa lance dans la direction de Léni avec un geste assuré.

- Descends et viens nous donner un coup d'main ! La roue est coincée !

Le soldat désigna vaguement un autre chariot, qui s'était effectivement embourbé au bord du chemin. L'un des deux soldats avait entrepris de se positionner derrière le chariot pour pousser avec force tandis que celui qui avait hélé Léni se dirigea vers l'un des boeufs pour lui attraper le harnais et tire dessus.
Léni se laissa tomber au bas de la colonne, atterrissant sur ses bottes usagées, avant de consentir, à pas lents, à les rejoindre.

Il leur fallut de longues minutes et plusieurs essais. Le chariot pesait lourd, et les bêtes étaient nerveuses. Léni avait beau pousser de toutes ses forces, en devenir tout rouge, et les jointures de sa main toutes blanches quand il essaya d'aider à soulever le chariot, qu'il ne faisait guère de grande différence.
Pourtant, au bout d'un long moment, et au terme d'une longue poussée chargée de grognements entremêlés, soudain le chariot passa le trou boueux pour se retrouver sur le pavé. Les boeufs se hâtèrent vers l'avant et la cariole bringuebala sous la grande arche dans un concert de grincements. Léni la regarda partir, le souffle encore court, quand il reçut une brève tape à l'arrière de la tête.

- Merci p'tit.

Les soldats s'éloignaient déjà. Léni s'élança à leur suite.

- Hé ! Hé attendez ! Ca mérite bien une pièce, nan ?! Une pièce ou deux même !

Les deux armures ne lui prêtèrent guère beaucoup d'attention en retournant tranquillement vers la porte.

- Ca s'appelle du savoir vivre, gamin, ça se marchande pas d'aider son prochain. T'as été élevé où pour quémander comme ça, dans une porcherie ?
- Pfff, chez ta mère, bâtard, persifla Léni en abandonnant la poursuite.

Heureusement qu'il n'avait que grommelé entre ses dents, poussé par un bienheureux instinct de survie. Il enfonça les mains dans ses poches pour rester campé au bord de la route, se retournant vers le paysage, laissant la cité bruyante et les gardes dans son dos. Les gamins avaient poursuivi le convoi, et s'éloignait avec lui, emmenant avec eux leurs cris aigus et désespérés dans le coeur de la ville.

Léni ne resta guère longtemps là contempler les montagnes et forêts qui se découpaient dans un dégradé de vert et d'ocre, que déjà un nouvel arrivant attirait son attention. Pas un marchand. Tant mieux. Les marchands étaient assaillis par les demandes. Avec l'expérience, Léni avait fini par comprendre qu'il valait mieux espérer moins, de cibles moins évidentes, pour obtenir quelque chose. Une femme à cheval, par exemple. C'était le genre à prendre en compte. Léni s'élança pour aller au devant d'elle, profitant de ce qu'aucun autre garçon n'avait encore eu l'opportunité d'accaparer la nouvelle arrivante.

- Hé ! Hé ! Dame !

Il avait levé une main en accourant près du cheval, mais ses yeux étaient tout entiers absorbés dans la contemplation de la voyageuse : elle avait une chevelure rousse et le port altier, qui trahissait une certaine forme de... Richesse, peut-être, ou d'expérience. Ou les deux. Qu'importait, au fond ? D'une main assurée, Léni avait saisi la bride du cheval à la marche visiblement fatiguée, comme pour mieux les guider - ou peut-être, pour apparaître à l'entrée de la ville comme étant celui qui avait déjà mis la main sur l'opportunité que représentait cette voyageuse.

- Vous avez b'soin que j'aille chercher quelqu'un ? Que j'aille vous annoncer quelque part ? A moins qu'vous ayez soif, ou faim ! J'peux aller vous chercher quelque chose, en échange de quelques pièces.

Il parlait aussi vite que sa respiration le lui permettait, et son pas s'était allongé pour mieux suivre l'avancée de la monture musculeuse qu'il accompagnait. Son regard ne cessait d'aller entre le chemin inégal pour ne pas risquer de trébucher et le visage de la jeune femme. Elle était propre et silencieuse, à l'opposé exact de ce qu'il était : sale et braillard, à patauger dans la boue, prêt à se salir là où elle ne s'abaisserait certainement pas. Léni s'humecta un bref instant les lèvres, le souffle court, pour se hâter de reprendre.

- Je peux m'occuper du cheval, vous voulez ça ? Ou vous guider, vous guider c'est possible aussi !
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Leni Harbur
Sanctimes : 1367
Leni Harbur
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Mer 31 Mai 2023 - 9:29
Les mains sales
Abords d’Aurore, capitale de Cyrdoral


Un sourire se dessina sur son visage.

Enfin. Enfin s’était-elle échappée du royaume d’Ilyren, de son air maussade, de ses paysages mornes et de sa population aux abois. Comme une maladie qui s’infiltrerait dans l’âme, son exposition à cette civilisation déchue l’avait rendue amère, raréfiait ses sourires. Si jamais elle ne sentit le besoin d’expliquer pourquoi le Royaume de Cyrdoral était considéré comme saint, elle n’avait désormais non plus de raison de douter de la malédiction qui planait sur les terres du Sud. L’air lui-même y était infect, comme gorgé de malheur et de négativité.

Un frisson parcourut alors son échine, tandis qu’elle leva le nez pour observer le soleil déclinant. La journée était clémente et la brise revigorante, mais ses jambes étaient meurtries par le long périple, battue d’une souffrance que corroborait sa monture à chaque fois que l’occasion se présentait. La respiration de Lordamere, son destrier favori, était irrégulière, bruyante et stertoreuse. Lui ne souhaitait qu’un peu de repos, elle un bain chaud et un verre de vin pour accompagner sa soirée.

Fort heureusement, le paysage accueillait désormais la silhouette rassurante du royaume depuis quelques heures. Un dessin qui se précisait à mesure que la destination s’approchait, motivant la demoiselle à poursuivre malgré sa fatigue évidente. Se servant de la flèche des cathédrales et du dessin du castel royal comme d’un phare la guidant dans l’obscurité, elle eut le luxe et l’assurance de pouvoir détourner un peu son attention du chemin de croix, alors persuadée que plus rien de mal ne pourrait lui arriver.

Afin de rendre le temps moins long et pénible, elle glissa de la doublure de sa veste un petit carnet dans lequel elle se mit à griffonner. Habituée aux soubresauts qu’imposait l’animal à chaque pas, elle s’efforça de garder le dos droit et la mine fière malgré la décrépitude de sa motivation. De retour dans un endroit civilisé, elle ne pouvait se permettre d’apparaître le dos vouté et le regard fuyant. A peine dérangée par les hurlements lointains d’une foule occupée à se quereller, elle ne releva pas la tête de ses notes, présumant que le cheval éreinté irait lui-même retrouver le confort de l’écurie qu’il lorgnait depuis trois bonnes heures déjà.

Tout se passait ainsi paisiblement, sans encombre ni incidents, et déjà Léonora commençait à savourer la fin de sa journée et le repos bien mérité qui s’en suivrait. Jusqu’à ce que le cheval trépigne et qu’une main saisisse sa bride.

« Ôtez vo- » Entama-t-elle, d’une voix dont la sévérité avait été accentuée par sa fatigue et son impatience. Supposant qu’on était sur le point de la voler, elle se mit immédiatement sur la défensive, avant de se rendre compte qu’aucune tête ne se situait à la hauteur de son regard. Non, il lui fallut baisser les yeux pour se rendre compte qu’un jeune homme était à l’origine de tout ce raffut.

Elle s’arrêta ainsi net dans ses vociférations, ravalant la colère froide qui était sur le point de sortir. Elle n’était plus en Ilyren, que pouvait-elle bien craindre.

« Je.. te demande pardon ? » S’enquit finalement la demoiselle, éberluée par l’apparition soudaine, laquelle – couplée à l’empressement du garçon, rendait ses paroles presque incompréhensibles.

Elle le détailla alors tout en acceptant de ralentir le pas pour le laisser parler, comprenant dans les grandes lignes ce dont il était question.

« Tu sais, il n’est pas très galant de prendre ainsi les gens en otage, et exiger une rançon de surcroît. » Souffla-t-elle comme d’une plaisanterie bénigne, les paupières alors closes et le carnet replié de retour dans la doublure de son manteau. « Je veux bien te laisser surveiller Lordamere, à condition que tu nous amènes à l’écurie la plus proche et que tu prennes soin de lui. C’est un bon cheval, il ne te causera pas d’ennuis. »

La comtesse détailla une fois encore le jeune homme, laissant éventuellement leur regard se croiser. Il était surprenant pour elle de se faire aborder de la sorte, l’étrangeté de ses pupilles dissuadant généralement autrui de s’approcher, surtout si le malheureux s’avérait jeune. Les enfants prenaient parfois la fuite à la découverte de son affliction, la gratifiant même occasionnellement du surnom de sorcière.

Néanmoins, après les récents événements et l’évolution de sa condition, il était bon de retrouver un peu de simplicité. D’autant plus que Léonora avait toujours eu de la tendresse pour ses jeunes contemporains.

« Comment t’appelles-tu ? » Après quelques secondes de tranquillité passée à s’assurer de l’honnêteté du bambin et guetter les réactions du cheval, elle s’autorisa un peu de banalités, amusée par la flamme intense qui semblait animer son honorable bienfaiteur. « Tu avais l’air soit très heureux de me voir, soit très nécessiteux de te voir confier un travail. Est-ce que tout va bien pour toi ? »

Se penchant un peu plus en avant malgré la douleur que la chevauchée lui infligeait au niveau des reins, elle croisa ses bras sur la crinière du cheval et observa le jeune homme en contrebas, définitivement plus délicate qu’à son habitude. Sûrement était-ce le fait de rentrer chez elle, ou bien simplement l’envie de retrouver un peu de normalité dans cette période folle.

« Tu m’as l’air plein de ressources, quel genre de tâches peux-tu effectuer ? Sait-on jamais, peut-être que je peux t’aider à mettre un peu de côté. Tout travail méritant salaire, bien sûr. Je ne voudrais pas finir en geôle. » Ce qui était d'une ironie assez amusante, encore qu'elle était la seule à pouvoir alors en profiter.

Peut-être faisait-elle toutefois erreur en assumant que cet enfant était du même acabit que les innombrables mendiants qui inondaient les rues. Peut-être même se montrerait-elle quelque peu arrogante à force d’avancer pareille conclusion, mais elle ne pouvait s’empêcher de déjà le lier à son imagination, de lui calquer la description qu’elle pensait adéquate. Un orphelin des rues volant des pommes pour survivre, qui deviendrait plus tard un grand héros du royaume mettant fin aux cycles de violences et d’oppression, redistribuant la richesse durement amassée et finissant ses jours sous les applaudissements d’un peuple admiratif et reconnaissant.

Ou bien peut-être avait-elle passé trop de temps à lire des romans chevaleresques sur sa route pour Ilyren, de peur que la culture de sa nation ne lui manque. Tout dépendait d’où cette balade improvisée allait les amener.



Léonora H. Althyren
Sanctimes : 3224
Léonora H. Althyren
RAZIELITE

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Dim 16 Juil 2023 - 10:26


- Ok ok je m'en occupe ! claironna-t-il avec un sourire qui dévoila une dentition inégale.

Léni avait continué à marcher, et momentanément de nouveau obnubilé par le visage inhabituel de la voyageuse - quels yeux dorés comme le soleil, était-ce divin ou l'oeuvre de la Malombre ? - quand, ayant oublié de surveiller le chemin, son pied buta sur une pierre et il manqua de tomber. Il se rattrapa maladroitement à la bride, arrachant du cheval un souffle désapprobateur des naseaux. Le destrier secoua un instant la tête pour tâcher de se libérer, mais Léni avait réussi à se rétablir et de sa main libre, il tapota gentiment la joue du cheveu.

- Là, là, Lordamere. C'est un joli nom.

Il était subitement plus simple de parler au cheval qu'à la noble dame qui le montait. Aux commentaires sur ses manières peu galantes, Léni s'était contenté de hausser les épaules, sans aucune expression particulière. Il était un enfant de la rue, la galanterie était probablement la dernière chose que l'on attendait de lui, et surtout la dernière urgence à traiter. La priorité était de manger, et si possible de dormir au sec. Qu'on lui demandât son nom était si inhabituel qu'il leva soudain des yeux ronds comme vers la femme. La question suivante lui fit brièvement froncer les sourcils et tandis qu'il croisait de nouveau le regard étrange de la dame, un frisson lui parcourut l'échine. Il tâcha de n'en rien montrer.

- Léni. J'suis juste t'jours content d'travailler, Dame.

Il se passa une main sur la nuque, comme pour chasser un bref instant le soleil chaud qui faisait briller le sommet de son crâne. Ses oreilles étaient un peu rouges - probablement les heures passées devant les murailles, là où il n'y avait pas d'ombre. Où bien était-ce tout autre chose. Léni préféra se concentrer sur les pavés que ses pieds martelaient.

- J'sais faire toutes les tâches manuelles. M'occuper des bêtes, battre les tapis, couper du bois, égrena-t-il rapidement, mais d'une voix un peu désincarnée, comme une récitation connue par coeur, sans grand intérêt. J'peux aussi porter des messages et frotter les peaux et les chausses.

Léni eut un coup d'oeil de côté, guidé par une drôle de curiosité qu'il ne s'expliquait guère. Il capta un instant la peau blanche des poignets  de la cavalière, le drapé de ses vêtements peu ordinaires. Comment une femme si noble pouvait-elle voyager seule ? Certainement qu'elle avait des compagnons qui suivaient un peu plus loin sur le chemin, se figura-t-il, et à cette pensée il réussit à arracher la contemplation discrète qu'il faisait des mains de la jeune femme posées sur la crinière du cheval.

- Vous allez où comme ça ? Vous allez au castel ? demanda-t-il en se concentrant sur le chemin, prêt à parier qu'elle y allait, au castel, ou au moins à la batisse d'un riche marchand. 'voulez qu'j'vous emmène là où vous d'vez aller, pis que j'amène Lordamere à l'écurie ensuite ? Les rues sont boueuses aujourd'hui, il a beaucoup plu ces jours-ci.

Elle avait certes des bottes et non des souliers d'apparat, mais il n'avait rien trouvé de mieux à lui proposer.

Leur petit convoi passa sous l'arche de pierre. Les deux soldats y avaient repris leur poste, flanquant l'entrée de la ville de chaque côté, et Léni perçut leur regard. Il leur grimaça un petit sourire revanchard, en passant près d'eux en devançant le cheval, et bientôt les montagnes du royaume de Cyrdoral furent oubliées derrière eux car la rumeur de la ville les engloutit.
Les conversations, les piaillements de quelques poules, le crissement de la pierre d'un moulin où l'on écrasait le blé emplirent l'atmosphère en côtoyant les odeurs de foin, de terre humide et de charbon ardent sur lesquels grillaient quelques pains au fumet enivrant. L'air était encore frais dans la rue principale à demi ombragée, bien plus clément que le soleil écrasant qui tannait les pierres de la muraille en dehors de la ville. Les toits de chaume se succédaient les uns aux autres et Léni capta plusieurs regards étonnés - certains détournaient immédiatement les yeux, probablement aussi intimidés que lui par la clarté astrale des yeux de la noble dame. Le garçon tâcha de faire abstraction de la présence étrange qu'ils créaient en traversant la rue, s'efforçant de se dire que rien de tout cela n'était un mauvais présage.
Il s'humecta les lèvres et resserra ses doigts autour du harnais de Lordamere. La présence du cheval le rassurait. Le destrier avait l'air en bonne santé, et sa joue contre le dos de sa main était chaude et vivante.


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