Un prix ne se paye forcément en or...

Ilyren… territoire des plus dépravés. Destin sordide, occupation étrangère, dépendance envers autrui, nid de démons et de toute sorte de monstre dans la plupart dépasse de loin les limites de l’imagination des êtres de ce monde. Vivre ou plutôt rester dans ce royaume était quelque chose d’assez fascinant pour l’automate.

Est ce que l’attachement à sa terre, fut elle celle de ses ancêtres et de son enfance valait il vraiment le fait de mettre en permanence en danger sa vie contre les périls d’un environnement immonde et le poids d’une pègre et d’une criminalité dont l’utilité pour la population bien qu’acceptée était contestable ?

Ce territoire était sans doute une des réponses avec celui de la Foi, pour comprendre les fondements irrationnels de la réflexion de ses êtres n’agissant que par affect et émotion sans aucune rationalité. Le poids de la mémoire, de la tradition, de la Foi… tant de choses que l’Ylesienne ne parvenait pas à comprendre. Elle pouvait en cerner la logique et la forme certes, le comprendre était tout autre.

Quoi qu’il en soit, en dehors de ses petites études sociologiques, ce territoire avait d’autres avantages à ses yeux. Après tout, le territoire était connu pour l’expérience de ses mercenaires dont les connaissances de terrain face aux ombres étaient incontestables. Quoi de plus utile que ces derniers pour apprendre. De même, elle savait que sa maîtresse portait une grande attention aux affaires de ce royaume vers lequel était tournée ses propres ambitions dans son projet de sauvetage d’Helden au sacrifice des traditions elfiques. Peut-être aurait-elle quelque chose d’utile à lui offrir à son retour bien que cela n’était qu’optionnel et secondaire.

Après avoir profité des ambassades elfiques pour vaquer quelque peu dans la capitale du royaume, tombant sur le siège d’une guilde de mercenaire et d’aventurier, elle était tombée sur une annonce intéressante. Un village et son baron qui requérait l’aide d'individus pour régler un problème de maladie, de magie noire ou de malédiction. Peut-être autre chose. Après tout de ce qu’elle lisait la situation était loin d’être claire, tout juste ne savait on même pas la cause ou la créature ayant créé cette situation. Poison ? Spectre ? Démon ? La liste des coupables s’allongeait à chaque fois qu’on tentait d’y réfléchir.

Soit, cela pouvait être son premier Object d’étude, d’autant qu’il était mentionné en bas de page, qu’une demande similaire avait été faite Cyrdoral, comme cela était coutume dès qu’Ilyren avait un problème. S’ils envoyaient des religieux, elle pourrait faire d’une pierre deux coups.

C’est ainsi que répondant à l’annonce, Galatée se mit en route vers le sud-est des terres connues du pays, non loin de la bordure des territoires corrompus. Le voyage dura une bonne journée, après tout ce n’était pas très loin même si le sol accidenté et les routes peu entretenues compliquaient un peu les déplacements.

Après cette petite journée de trajet, l’automate arrivait enfin à bon port ayant profité du convoi d’un marchand qui passait par là pour transporter et vendre ses vivres pour éviter de marcher et de perdre du temps.

En soit, le village concerné était assez pittoresque, il était situé dans une clairière artificielle entourée de forêt assez marécageuse comme cela était d’usage lorsque ne les asséchait pas à agrandir les terres à cultures. Le village au centre, sur une butte plus loin et hauteur trônait un grand manoir dont les alentours étaient modérément fortifiés, sans doute la demeure du baron local.
Quittant le marchand qui l’avait accompagné jusque-là, l’automate continuait son chemin vers le village analysant rapidement les lieux et les passants, chacun finissant par l’observer comme intriguée par l’arrivée d’une nouvelle venue. Chose assez rare dans ce territoire reculé. Un des villageois finit par aller à sa rencontre.

B’jour… ‘cherchez queq’chose ?

Le regard de la demoiselle mécanique se tourna vers lui, croisant son regard avant qu’un doux sourire naisse sur son visage. Fouillant dans sa sacoche quelques secondes, elle en sortit le message contenant la demande de la mission de la part du baron local.

A cette vue, le regard du villageois s’illumina.

Ah ! Z’êtes une aventurière ?!  

Il passa en revue Galatée, son attention se posant sur les deux dagues accrochées à sa ceinture sur chacun de ses flancs ainsi que sur le fouet enroulé dans son dos. L’automate avait les armes et la tenue d’une mercenaire aujourd’hui, il n’y avait bien que l’ombrelle blanche qu’elle tenait de sa main libre et ne quittait jamais pour détoner avec son style de mercenaire aujourd’hui.

Pardonnez ma curiosité mal placée m’dame. On a pas l’habitude d’voir des gens passé ici voyez. Mais j’suis heureux qu’vous soyez là. On va pt’ête enfin être libre d’la malédiction.

Le regard violacé de l’automate se précisa dans celui de son interlocuteur alors que dans le même temps elle rangeait la missive.

Y’as des disparitions depuis quelque temps mais on sait pas d’où ça vient. Au début on pensait que c’était des brigands et en appelait de gardes mais… y a pas longtemps a retrouvé un corps d’un villageois changé en pierre. Sa statue semblait rire de folie. Quand on a tenté d’le toucher pour transporter l’corps. Sa statue s’est réduite en cendres.

Il faisait de grands gestes dans le même temps pour illustrer ses propos.

Cette histoire sans doute imparfaite faisait réfléchir l’automate. Voilà une bien curieuse histoire de pétrification. Si c’était vraiment cela. Dommage que le corps est disparu en poussière mais peut être y en avait il d’autres avec un peu de chance.

Quoi qu’il en soit, c’est l’baron qui expliquera tout mieux que moi !

Certainement.

Allez y elle doit sans doute vous attendre !

Saluant le villageois, l’Ylesienne continua sa traversée d’un village qui de toute évidence semblait sonné, rongé par la peur de ce mal inconnu qui semblait frapper indistinctement.

Une fois ayant gravi la butte, Galatée frappa à la porte du château pour s’annoncer avant d’y être accueilli par une vieille dame. Celle-ci reluqua sommairement l’invitée d’un regard sévère.


Vous êtes ?

L’un des mercenaires conviés pour vous aider.

Laissant la place pour entrer la dame invitait d’un geste Galatée.

Venez donc, je suis Artella Sigmasen, gouvernante de ce manoir. Malheureusement le maître n’est pas disponible aujourd’hui et m’a chargé d'accueillir les aventuriers. Vous êtes la première. Avez-vous besoin de quelque chose à boire ? De vous reposer ?

Galatée hocha la tête négativement avec un léger sourire.

Cela n’est pas nécessaire, je n’ai nul besoin de ce genre de chose.

Artella observa un temps l’automate avant d’afficher un léger sourire en coin.

Je me doutais que vous n’étiez pas humaine.

Ah oui ?

Votre regard.

C’est souvent ce qui me confond en effet.

Laissant quelques secondes de silence.

A défaut de devoir me nourrir ou dormir, puis-je user de votre bibliothèque en attendant la venue de mes camarades du nord ?

Comme vous le désirez.

Peut être y avait-il quelque chose d’intéressant à prendre dans les manuscrits de cette bâtisse. De toute manière, c’était mieux que de ne rien faire, surtout quand on ne savait pas quand les religieux feraient leurs apparitions.

Un jour, deux jours.

Le temps passait. Un temps plutôt calme où chacun pouvait vaquer à ses occupations, le temps de se reposer. Le baron était prudent et savait qu’il ne valait pas mieux forcer la main au nom de l’urgence à des personnes qui venaient de traverser des forêts et des marais.

Pendant ce temps-là, l’automate n’avait pas daigné ne serait ce que s'intéresser à ce qui serait son et ses partenaires. Il n’y avait que peu d'intérêt de sa part à toute manœuvre de sociabilisation. Galatée en restait donc à se documenter sur les traditions, les histoires et les coutumes de cette bourgade, avant que finalement tous ne furent invités par le baron dans son bureau, pour enfin commencer ce pourquoi ils étaient là.

Avertis par les servants de la demeure, l’yselienne se rendait sur place avant de croiser dans le même temps sa camarade temporaire, qu’elle inspecta d’un passage rapide du regard.

C’était donc elle, la demoiselle venant d’un pays de foi et de religion. Elle semblait bien frêle, jeune et immaculée pour une mercenaire ou une chevalière, mais dieu savait que dans ce monde, les apparences étaient souvent fort trompeuses. Il ne fallait pour survivre jamais vraiment se fier à ce que l’on se contentait de voir ou de constater.

Sans vraiment lui parler, Galatée se contenta d’hocher la tête pour la saluer, un fin sourire se dessinant sur ses lèvres pour accompagner ses salutations avant que finalement son intention ne revienne sur les portes du bureau du baron, laissant place à la vue d’une grande salle richement décorée, ou de multiples étagères de livres, la plupart purement administratifs et comptables, étaient apposés sur les murs. En face de la porte, au fond de la salle, un bureau bien rempli, alors vide. Derrière lui à la fenêtre qui donnait vue sur le village depuis les hauteurs, un homme regardait le paysage, se retournant rapidement d’un air neutre.


Son corps montrait des signes d’afflictions magiques, sans doute un éthéré. Il observa pendant une seconde la vampire puis l’automate avant de finalement inviter du bras, le duo à s’approcher et à s’asseoir, tandis que lui en faisait de même en revenant à son bureau.

Salutations mercenaires. Je vous remercie d’avoir fait le chemin jusqu’ici. Veuillez m'excuser pour les deux jours d'attentes, ma fille est actuellement malade.

Il attendit que tout le monde se pose avant de continuer. Posant sa main sur une boîte de fer, qu’il glissa sans la prendre jusqu’à lui. Il semblait faire très attention à cette boîte, comme s’il en craignait le contenu.

Vous n’êtes pas sans savoir que notre village fait depuis peu face à des disparitions. Je n’ai malheureusement que peu de détail à moi-même vous apporter, si ce n’est le fait qu’aucun des cadavres n’a été retrouvé si ce n’est un transformé en pierre et qui fut réduit en cendres au premier toucher.

Enfin… pour la nature des corps et de la mort… Car bien que je ne l’ai pas mentionné aux villageois… J’ai retrouvé ceci pour les lieux du crime…

Il ouvrit alors la boite, ne prenant que le couvercle, laissant apparaître une matière blanche, gluante, emplis de pustules. Elle provoquait chez tous ceux qui la regardaient un débout immense mais aussi sans qu’on pouvait l’expliquer, une sorte d’attirance, de fascination pour cette matière horrible. Un sentiment que personne ne pouvait expliquer ou même décrire tant il était particulier. Naturellement, cela n’est valable que pour les organiques, l’automate de son côté, sans une âme et des désirs, ne pouvant que difficilement être aujourd’hui tenté sur une nature qu’il n’avait pas.

Néanmoins Galatée regardait avec insistance cette matière affreuse, se penchant légèrement avant de parler.

C’est…

Le baron hocha la tête.

des miasmes en effet…

Au moins, cela permettait de conclure rapidement sur l’original du mal qui frappait ce village. Un démon. Malheureusement c’était une fausse réponse. Démon était un nom poubelle qui visait à désigner une infinité de créatures et d’entités particulièrement hétérogènes que l’on ne comprenait pas. Lorsqu’on parlait de démon, on pouvait tout autant parler de créature simplette dédiée à la puissance physique pure que d’entités vicieuses et immatérielles qui se glissaient dans les âmes et les rêves. Le fait de savoir que l’ennemi était un démon l’avançait que très peu les recherches.

Les miasmes sont comme une maladie, un simple contact physique et ils peuvent infecter quelqu’un. Faite attention de ne pas vous approcher de ce genre de chose.

Galatée hochait la tête, s’adossant à son siège avant de croiser les bras. Elle ne l’avait encore jamais fait de lutter contre un démon, mais elle savait bien que combattre ce genre de chose demandait de faire des sacrifices ou de prendre des actions préventives. Malheureusement la variable à ce projet restait sa comparse religieuse. Peut-être valait-il mieux la cerner. Galatée se tourna ainsi vers la vampire.

La lutte contre les démons fait partie des missions de votre pays je le crois demoiselle ? Avez-vous de l’expérience ou des conseils en la matière ?

Ce n’était pas temps les réponses qui l'intéressaient mais le fait de savoir jusqu’où cette personne était prête à aller pour combattre un démon. Serait elle prêt à sacrifier des vies pour permettre à ce démon de ne jamais revenir, ou bien s’embourberait elle dans une morale et des principes inutiles qui ne seront favorables qu’aux lubies de cette entité démoniaque.

Le baron et l’automate écoutaient silencieusement la vampire, leurs regards braqués sur elle. L’extermination hein. C’était plus facile à dire qu’à faire. On ne savait pas quel genre de démon, on avait à faire. Et à l’exception des démons mineurs et inférieurs, la plupart de ceux-ci en termes de puissance et de pouvoir, dépassaient de loin le commun des mortels, jusqu’aux archimages et magistères eux même.

Tuer un démon intermédiaire ou supérieur, était un exploit auquel bien peu de personnes pouvaient prétendre, y compris parmi les mages divins et spécialisés en exorcisme et autres purifications.

Tandis que l’automate restait muette et purement observatrice de la situation, le baron reculait sa chaise à la question de la mercenaire sur la méthode pour transporter ses miasmes. Pendant un instant, il avait semblé hésité et réfléchir, puis rapidement il leva la main, générant un courant d’air puissant que chacun pouvait sentir sur son épiderme et ses cheveux. Un mage élémentaire qui maîtrisait la magie du vent ou de l’air.

Souriant légèrement du coin de la lèvre à la vampire, il répondit par les mots après sa petite démonstration magique tandis que le vent se calmait et que la situation redevenait normale.

Il est possible de transporter quelque chose qu’il ne faut pas toucher indirectement avec la magie. Les pouvoirs élémentaires ou psychiques le permettent.

La magie semblait avoir stimulé les miasmes qui, jusqu'ici inerte, se déplaçaient dans la boîte, lentement, en direction du baron, bloqué par les bords. Voyant cela, le noble referma rapidement la boite, avant de la glisser au loin sur son bureau pour l’éloigner de lui. Ses miasmes étaient attirés par la magie et de facto ses utilisateurs.

Soupirant, il hocha ensuite la tête lorsqu’il devait répondre aux autres questions de la vampire sur la nature des miasmes et leurs capacités corruptrices.

Je ne sais pas. Je ne suis pas expert en magie. Je suis avant tout un noble et un gestionnaire, pas un mage véritablement aguerri en dehors de mes affinités naturelles…

Il peut me corrompre également physiquement, mais il ne peut pas m’altérer psychologiquement ou me tenter.

Jusqu’ici en retrait, l’ylesienne avait décidé de répondre à la question. Les jambes croisées, son regard glissa du baron à la vampire.

Mes systèmes sont faits de magie, s’il parvient à les atteindre, il peut me détruire. Mais un simple contact ne me condamne pas, même pour un miasme il est plus facile de pénétrer dans de la chair que dans de l’acier. Ma fin ne viendra qu’au moment où mes flux seront touchés directement. De même, contrairement à vous, je ne dispose ni d’âme ni d’égo. Je ne peux donc pas être tenté par un démon, et ces derniers n’ont que peu d'intérêt pour moi puisqu’ils n’ont rien à pouvoir prendre.

Il était peu probable qu’elle soit, en dehors de l’aspect purement défensif ou sadique, la cible prioritaire d’un démon en cas de contact ou de problème. Il était clair qu'aux yeux de ce genre de créature, la vampire devait être une proie bien plus appréciable. Tout du moins, c’était ce que Galatée pensait.

Réfléchissant une seconde, l’automate leva sa main droite.

Si vous avez fait un peu de théorie magique, vous devez le savoir, il existe à peu de chose bien que l’ontologie de la science magique soit imparfaite, trois types d’expression de sorts.

Levant son premier doigt.

L’évocation, qui permet d’utiliser la magie de manière directe, de préférence pour des sorts et des magies intellectuelles simples et à la demande spirituelle légère ou modérée, telles les magies physiques, élémentaires ou corporelles. Pratique pour les sorts demandant peu de précision et pouvant être manipulé “en gros”.

Levant son deuxième doigt.

L’inscription qui consiste à utiliser comme intermédiaire pour user de magie d’une écriture magique, qu’elle soit temporaire ou permanente. Principalement utilisé pour les sorts ne pouvant être manié à la seule force du cerveau.

Levant son troisième doigt.

Le rituel, qui consiste à se lier avec une entité ou à faire des sacrifices pour obtenir une puissance supérieure.

La plupart des démons pour se manifester dans ce plan d’existence ont besoin d’un intermédiaire qui exercera pour eux une magie de rituel. Si démon, il y a, c’est forcément par le biais d’un rituel fait sciemment ou en se faisait berner.

Le baron prenait une mine sérieuse. De son côté, l’automate restait de marbre. Ses connaissances magiques n'étaient plus à prouver. Elle avait beau ne pas maîtriser la magie elle-même, elle était une bibliothèque portative d’Helden, dont la maîtrise de la théorie lui était suffisante pour être en mesure d’enseigner à qui que ce soit sans avoir besoin de pratiquer elle-même.

Une enquête approfondie sur ce village est nécessaire pour comprendre qui, quoi, où, comment, ce démon est ici.

Le baron faisait une mine sombre, semblait réfléchir. Son regard se tournait vers la vampire pour savoir si elle avait quelque chose à dire de son côté.

La démonologie était un sort sombre, aussi complexe que l’était l’existence elle-même. Les autres arts de la magie l'étaient tout autant, mais le pouvoir des démons avait cette spécificité qui faisait de comprendre son histoire et son passif était souvent plus important que le sortilège lui-même et les différentes modalités qui le composaient.

Née de la haine, du mépris, du silence et de la frustration, cette magie devait compter sur autrui, consciemment ou inconsciemment à travers la bêtise, la confiance ou la naïveté pour se mettre en plus. Comprendre la démonologie demandait de comprendre les autres, comprendre les émotions, comprendre les désirs. Comprendre tant de choses… C’était une des raisons pour lesquelles prêtres et surtout exorcistes se devaient d’être sociale et d’avoir un tempérament tourné vers les autres sans pour autant que le désir de justice ne soit une faille dans lesquels le vice et la tentation pouvaient s’engouffrer.

Aux questions de la vampire, le baron ferma un instant les yeux, croisant les doigts de ses deux mains avant de rouvrir ses pupilles pour observer la croyante, apposant son menton sur ses doigts croisés.

Mes afflictions sont légères, peu profondes, peu reconnaissables pour qui n’a pas de culture magique ou bien l’expérience des voyages et de la magie. Des villageois classiques ne sont pas en mesure de saisir la nature de ce qui me touche personnellement.

Son regard passait sur le côté, vers la porte.

En ce qui concerne ceux capables de le comprendre… La plupart me sont loyaux, nos liens datant d’une époque où j’étais encore pleinement humain.

Son regard revint sur la vampire.

La haine de la différence vient souvent du silence et de la distance. Il est difficile de haïr ce que l’on connaît de près depuis l’enfance. Notre pays en a l’habitude… , notamment avec les vampires…

L’yselienne de son côté restait de marbre, les élucubrations sur le racisme ne la touchait pas. On pouvait même dire que cela l’indifférait totalement, d’autant qu’elle-même était factuellement configurée pour faire ce genre de jugement considérant que les elfes étaient la race la plus sage, la race supérieure de son côté. Si on pouvait lui dédouaner cette nature imposée par Helden, son éveil avait chez elle affirmée cette position, en allant même plus loin, considérant désormais que si les elfes restaient toujours prioritaires vis à vis des autres races, les Yseliens étaient de loin, les entités les plus proches de la perfection de par leurs absences d’émotions et de désirs parasites. Jamais des espèces aussi irrationnelles et infectées par des émotions inutiles et contre productives ne pourraient rivaliser avec la logique yselienne et l’esprit qui lui était lié. C’était à ce titre qu’elle refusait l'éveil de sa propre humanité pour rester un être de raison pure.

Posant son regard violacé sur le noble, elle se contenta d’une phrase sans relever le fond de ses pensées.

Et quelle est l’origine de vos afflictions ?

Le regard du baron se tourna vers elle. Restant silencieux une seconde, il semblait réfléchir, sa réponse était assez prudente comme s’il pesait chacun de ses mots à la virgule prêt avec une grande attention.

Subir est une affliction est un grand traumatisme… Je préfère ne pas avoir à ressasser le passé pour mon propre bien…

…

Répondre à cette question semblait l’avoir fatigué mentalement. Aussi répondit-il plus lentement à la seconde question de la vampire.

Je n’ai pas souvenir de personnes qui m’en voudraient personnellement… Mais mon travail me donne sans doute certains ennemis, que ce soit des nobles jaloux, ou bien tout simplement des habitants peu satisfaits de la politique fiscale en vigueur. Toutefois, il me semble être la seule personne touchée par une affliction dans ce village. Mais je me trompe peut-être. Après tout c’est dans ce genre d’endroit que l’on se cache si l’on ne veut pas être découvert par des puissances.

Enfin… Il n'est pas possible de fermer le village, Ilyren est une nation marquée, dépendante des autres et de l'extérieur. Il en est de même pour ce village qui ne peut survivre sans les liens avec les marchands et les commerçants. Trop de denrées et de biens vitaux ne peuvent se trouver ici…

L’Yselienne réfléchissait. Un village à l’air libre, ça faisait beaucoup de monde, il devait y avoir un moyen de réduire le nombre de suspects.

Y a t-il un chef dans le village ? Un… ancêtre ou patriarche ?

Il y a un doyen effectivement.

Peut-être pouvait-il en savoir plus sur tout ceci.

De même. Combien y a-t-il de personnes dans ce manoir ?

5 avec moi. Il y a ma fille, la maîtresse de maison qui vous a accueillis, une cuisinière et une servante.

Cela fait peu pour une famille de Baron.

Après la mort de ma femme, j’ai préféré réduire le nombre de nos domestiques pour vivre seule et sans grands bruits.

Son regard laissait passer une once de tristesse et de mélancolie.

Pouvons-nous leur parler ?

Plutôt demain. Malheureusement ma fille est très malade, et tous sont occupés à prendre soin d’elle.

L’automate baissa la tête en signe d’acceptation avant de sourire légèrement.

Je comprends, ne vous inquiétez point.

Galatée tourna alors son attention vers la vampire.

Je suppose qu’en attendant, nous pouvons tourner notre attention vers ce village. Pourquoi pas ce doyen ou un ancien. Les vieilles personnes ont tendance à plus faire attention aux détails de la vie que les jeunes.